Pour garantir la qualité des jeunes étalons comme futurs reproducteurs, une sélection selon des critères spécifiques définis dans les « Hengstleistungsprüfungen » est nécessaire en Allemagne. Les résultats de ces testages fournissent des informations sur les performances des étalons qui ont participé et leur valeur probable comme reproducteur.
La réforme des tests de performance pour étalons approuvés qui est entrée en vigueur en janvier 2016 proposait trois possibilités pour qu’un étalon soit inscrit dans le livre principal d’un stud-book (Hengstbuch I) afin d’obtenir le droit définitif de faire la monte :
- soit un testage de 14 jours pour étalons de 3 et 4 ans, plus deux tests sportifs (Sportprüfungen) à l’âge de 4 et de 5 ans
- soit un testage de 50 jours pour étalons de 3 à 7 ans
Les exigences lors de ces testages sont spécifiques selon les trois disciplines (saut d’obstacles, dressage et complet) et selon l’âge des étalons à tester
- soit par des performances en épreuves sportives comme une qualification/participation aux Bundeschampionate à Warendorf ou des résultats dans des épreuves niveau Grand Prix
Pour réussir un test de 14 jours, un étalon devait obtenir au moins une note finale de 7,5 ou au moins 8,0 dans l’évaluation dans sa discipline. Quant au test de 50 jours, la note minimale exigée était de 7,8.
Lors de la réunion annuelle de la FN (la fédération équestre nationale d’Allemagne) en mai 2019, la question de maintenir ou de supprimer la note minimale pour réussir des testages a fait l’objet d’un débat. Heinz Ahlers, président de l’association des étalonniers d’Allemagne, a précisé que les étalonniers allemands souhaitaient garder les notes minimales. Sans ces critères de sélection, le poids de l’élevage des chevaux en Allemagne pourrait s’affaiblir face à la concurrence mondiale. Dr. Thomas Nissen, directeur d’élevage du stud-book d’Holstein, était d’un autre avis : « On peut supprimer la note minimale. Les éleveurs prennent leur propre décision. » Finalement, le conseil consultatif « élevage » de la FN a voté pour un maintien de la note minimale.
Mais lors de la réunion extraordinaire début décembre 2019, le comité consultatif de la FN a voté pour une libéralisation des testages (« Hengstleistungsprüfungen ») à partir de janvier 2020. La note minimale pour réussir un testage a été supprimée. Mais la participation à des testages reste pourtant obligatoire pour qu’un étalon approuvé puisse être inscrit dans le « Hengstbuch I » de son stud-book. Le système des testages reste sinon inchangé.
Les associations d’éleveurs de chevaux sont désormais libres de fixer elles-mêmes des notes minimales, si elles le souhaitent. Elles peuvent aussi distribuer des primes aux meilleurs étalons des testages.
Dr. Klaus Miesner, gérant de la division « élevage » de la FN, explique : « Au lieu de discuter continuellement sur des modifications du système des tests de performance parce qu’il y a des étalons qui échouent, les associations des éleveurs de chevaux disposent sans notes minimales d’une meilleur possibilité de mettre plus en avant les étalons qui réussissent. »
Theodor Leutchen, président de la division « élevage » de la FN, ajoute : « La plupart des associations des éleveurs souhaite déterminer et gérer leur présence sur le marché elle-même. »
Dr. Wolfgang Schulze-Schleppinghoff, directeur d’élevage d’Oldenbourg (OS et OL), pense que cette décision pourra améliorer la sélection. Il espère que les notes seront désormais plus justes et plus différenciées. Le Hanovre aussi salue la suppression des notes minimales ce que donnera aux associations plus de liberté. Pour Dr. Thomas Nissen du Holstein, c’est un pas dans la bonne direction. Pour les responsables de la Westphalie, qui en mai ont voté contre le maintien des notes minimales, les éleveurs sont tout à fait capables de prendre de bonnes décisions pour des croisements. Par contre, les directeurs d’élevage de la race DSP (Allemagne du Sud) auraient préféré garder les notes minimales. Pour eux, les notes minimales pour réussir des testages étaient justifiées. L’élevage des chevaux doit conserver sa transparence et doit être basé sur une sélection selon des critères de performance pour persister sur le marché international. Les responsables des stud-books d’Allemagne du Sud craignent aussi que de plus en plus d’éleveurs puissent être tentés d’adhérer aux associations d’éleveurs de chevaux allemandes qui sont moins exigeantes en ce qui concerne les résultats lors des testages.
Situation exceptionnelle due à la pandémie Coronavirus
La FN vient d’annoncer qu’aucun test de performance aura lieu jusqu’au 30 avril 2020 au moins à cause de la pandémie Coronavirus.
Lors d’une online-conférence, il a été décidé :
Les étalons approuvés de l’âge de 3 et de 4 ans sont inscrits dans le « Hengstbuch I » (livre principal) pour la saison 2020, même sans test de 14 jours pour les 3 ans et sans testage manquant pour les 4 ans.
Ces étalons doivent faire les testages, qui restent obligatoires, à l’automne 2020 ou au printemps 2021.
Les étalons approuvés de l’âge de 5 ans, qui ont déjà réussi un test de 14 jours et une « Sportprüfung Teil I » (épreuve sportive, 1ère partie), sont également inscrits au « Hengstbucht I ». Ces étalons sont soit obligés de se qualifier pour les Bundeschampionate 2020, soit doivent participer à un test de 50 jours à l’automne 2020 ou au printemps 2021, soit doivent réussir une « Sportprüfung Teil II » pour étalons de 6 ans en 2021 (organisée exceptionnellement).
Ces mesures ont été prises pour assurer que les éleveurs puissent obtenir de pleins papiers pour les foals qui naissent en 2021 d’un croisement avec un jeune étalon.
Reste à savoir, si l’éleveur est capable de faire inséminer sa jument en 2020, car l’Allemagne est actuellement aussi sous confinement.
texte rédigé par Sabine Mottet (en mars 2020)